Les Projets
paul oudin
Solides Plans
Solides Plans, série ouverte, crayon 6H, 72x72cm chaque, (socles 80x80cm, MDF10), depuis 2011
Les Solides Plans sont des dessins volumétriques à l'aide desquels je cherche les limites de l'objet en volume par le biais du dessin. Le crayon de papier autorise des choses que le volume, à priori, ne permet pas. On pense immédiatement aux illusions d'optique, comme l'escalier de Penrose, par exemple, mais cependant, ce n'est pas la voie que j'ai choisie. L'escalier de Penrose, tout impossible qu'il semble être sur le papier, correspond bien à un volume réalisable, seulement, ce volume n'est pas un escalier infini : c'est une construction biscornue. Et cette construction, d'un seul et unique point de vue, ressemble au dessin de l'escalier de Penrose.

Les Solides Plans, je les considère comme des objets, d'où leur nom de "solides". Ils sont isolés, comme flottant au milieu de leur feuille, afin de focaliser le dessin sur eux. Que ce soit les Solides Plans #1 et #2, qui ont une ressemblance avec les sphères à pointe de diamant de Paollo Ucello, ou bien le Solide Plan #3, à mi-chemin entre le cube et l'hexagone, tous sont aux limites de l'objet réalisable, ou distinguable.

Ils m'ont permis de trouver la première limite de l'objet en trois dimensions. Classique, bateau, lieu commun, et pourtant, il m'a fallu passer par cette étape pour la voir vraiment comme telle : les lois de la physique. L'équilibre, la rigidité, fragilité, solidité des matériaux... Et m'a permis d'écarter une contrainte : la forme. La forme, en définitive, n'est pas une contrainte. Tout dessin correspond à un volume d'un certain point de vue, comme tout point de vue d'un volume peut devenir dessin.

Une autre limite du volume me vient de Damien Schoëvaërt-Brosselaut, biomathématicien et maître de conférence des Universités, qui, lors d'une conférences à l'ÉSAL a dit : "Un volume, ça enferme tout, comment vous voulez communiquer avec le cœur d'un volume ?" Et à juste titre, un volume, ça n'échange pas. La surface, c'est de l'échange, le volume c'est de l'enfermement. Il a également dit le même jour que "le vivant est infiniment plissé : on est des êtres de surface, puisque la surface, c'est l'échange" (en référence notamment à tous les échanges cellulaires d'un corps vivant). Et effectivement, les Solides Plans sont ainsi : à la fois des surfaces, car dessins, et en même temps des volumes. Ils sont donc assez paradoxaux. Cette série (que j'ai close), a donné suite à une nouvelle série, en cours de production, qui traite justement de cette question de "cœur de volume".

"A form that's neither geometric nor organic would be a great discovery" Donald Judd, 1967.

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