Les Solides Plans, je les considère comme des objets, d'où leur nom de "solides". Ils sont isolés, comme flottant au milieu de leur feuille, afin de focaliser le dessin sur eux. Que ce soit les Solides Plans #1 et #2, qui ont une ressemblance avec les sphères à pointe de diamant de Paollo Ucello, ou bien le Solide Plan #3, à mi-chemin entre le cube et l'hexagone, tous sont aux limites de l'objet réalisable, ou distinguable.
Ils m'ont permis de trouver la première limite de l'objet en trois dimensions. Classique, bateau, lieu commun, et pourtant, il m'a fallu passer par cette étape pour la voir vraiment comme telle : les lois de la physique. L'équilibre, la rigidité, fragilité, solidité des matériaux... Et m'a permis d'écarter une contrainte : la forme. La forme, en définitive, n'est pas une contrainte. Tout dessin correspond à un volume d'un certain point de vue, comme tout point de vue d'un volume peut devenir dessin.
Une autre limite du volume me vient de Damien Schoëvaërt-Brosselaut, biomathématicien et maître de conférence des Universités, qui, lors d'une conférences à l'ÉSAL a dit : "Un volume, ça enferme tout, comment vous voulez communiquer avec le cœur d'un volume ?" Et à juste titre, un volume, ça n'échange pas. La surface, c'est de l'échange, le volume c'est de l'enfermement. Il a également dit le même jour que "le vivant est infiniment plissé : on est des êtres de surface, puisque la surface, c'est l'échange" (en référence notamment à tous les échanges cellulaires d'un corps vivant). Et effectivement, les Solides Plans sont ainsi : à la fois des surfaces, car dessins, et en même temps des volumes. Ils sont donc assez paradoxaux. Cette série (que j'ai close), a donné suite à une nouvelle série, en cours de production, qui traite justement de cette question de "cœur de volume".
"A form that's neither geometric nor organic would be a great discovery" Donald Judd, 1967.