Les Projets
paul oudin
Machine dessinant [...] (Sonographe)
Machine dessinant des disques percés de 5 centimètres de diamètre interne, matériaux divers, assistance informatique, 40x40x20cm, 2012 (prototype)
"Machine dessinant des disques percés de 5 centimètres de diamètre interne" est une installation portative, toujours (et pour longtemps) à l'état de prototype. Cette machine fait exactement ce que son titre annonce : des disques percés de 5 centimètres de diamètre intérieur, pour peu qu'on lui en laisse le temps. Elle est conçue pour que le diamètre des cercles dessinés varie en fonction du volume sonore ambiant.

Je m'interroge depuis longtemps sur la validité d'un concept récurrant dans le milieu de l'art : une œuvre est différente selon le contexte dans lequel on l'expose. En effet, bien que j'admette une certaine justesse à cette affirmation, il me semble que sa formulation est bien trop rigide, restrictive, et, surtout, elle ne prend pas en comptes certaines données, non négligeables.

Pilotée par deux moteurs, dont un relié à un ordinateur, cette machine qui ressemble vaguement à un tourne-disque trace donc une ligne continue, ligne qui, par ses superpositions, en viens à dessiner le dit disque percé de cinq centimètres de diamètre interne.

Cette machine est destinée à être installée au plus d'endroits possibles, afin de faire un dessin de l'ambiance sonore de chaque. Si on lui en laissait le temps à chaque fois, tous les dessins qu'elle produit – je dis bien tous– quelque soit le contexte dans lequel la machine est installée, finiraient par se ressembler. D'où une remarque : si on l'arrête au bout de quelques minutes,tous les dessins présenterons des différences, même s'ils se ressemblent vaguement. Mais au bout de quelques dizaines de minutes, cette œuvre produit exactement la même chose, quelque soit son contexte.

Bien entendu, je reconnais que cela est un peu limité comme expérience par rapport à la question qui a motivé sa réalisation, et cependant, je ne crois pas que cela soit dénué d'intérêt, sans quoi, bien évidemment, je ne l'aurais pas produite. C'est le facteur temps qui est important, et que je mets ici en évidence. Si on lui laisse le temps de s'adapter à son environnement (ce qui prend certes bien plus que quelques dizaines de minutes), une œuvre tendra toujours à redevenir la même chose : elle-même. Son contexte influe au début, mais rapidement, l'œuvre en elle-même reprend ses droits.

Cette machine est toujours à l'état de prototype, car je n'ai pas les moyens techniques (à tous les niveaux : captation, écriture et miniaturisation), ni financiers de la réaliser de la manière que je le souhaite : plus petite, autonome (c'est-à-dire indépendante vis-à-vis d'un ordinateur), que l'on pose quelque part, et où il y a seulement a appuyer sur un bouton "on" pour la mettre en route.